28 novembre 2024 à 11:10:51 Dernière édition: 28 novembre 2024 à 11:12:58 par Xavier Raison : mot manquant
Bonjour,

aujourd'hui, ne possédant pas de forêt, je me fais livrer mon bois.
Je suis fatigué de mettre au feu des bûches issues de troncs qui auraient pu connaître une plus noble destination. Faute de débouchés (il y a une scierie dans le village) ? Faute de savoir-faire forestier ?

Je vis pourtant entourés de quelques parcelles forestières aujourd'hui réservées à la chasse, qui subissent des coupes-rases selon des logiques qui m'échappent pour l'instant.
J'aimerai me tourner vers les propriétaires des bois voisins pour leur proposer d'y prélever mon bois de chauffage (à la main) parmi les troncs/branches les moins valorisable autrement.

Quel genre d'accord à bénéfice réciproque pourrais-je proposer et avec quels arguments (écologiques, économiques, pratiques, juridiques, esthétiques, philosophiques, folkloriques,....) ?
Existe-t-il des accords-types ou des pratiques communes auxquels je pourrait me référer ?

Merci à vous pour vos pistes de réflexion.
Xavier,
ingénieur des paysages, jardinier.

Par chez moi y'a peu de bois, tous appartiennent aux chasseurs qui ne vendent qu'au décès de ce dernier pour se les racheter entre eux... Bref, en mode économique dans le coin souvent ce qui se fait c'est que tu fais le bois du gars, et tu te payes en bois... Mais clairement si tu débarques avec une hache et pas une tronçonneuse orange fluo, tu ne les convaincra pas...

Par contre si tu aimes la récup' tu peux toujours demander si tu peux prélever les branchages... Souvent les gens qui font leur bois ne s'intéressent qu'aux troncs qui font des bûches, et laissent des monticules de branchage au sol... Clairement niveau temps passé / chaleur apporté en brûlant c'est pas le top, mais si c'est idéologique c'est une possibilité.

Autre possibilité, ma frangine se fourni auprès des agriculteurs en chute de poteau de châtaignier. Tout les ans ils refont des piquets en châtaignier, et pour les planter ils les taillent en pointe. Tout ces gros "copeaux" se brûlent très bien. Le châtaignier n'est pas top en chauffage car il fait peu de braise, mais si tu as un poêle à double combustion ça fait moins de cendre à aspirer.

Ne vous faites pas d'illusions. Je vis dans une région forestière. Il n'est pas un arbre qui n'appartienne à personne. Bois privés ou municipaux qui sont en fait gérés par l'ONF dont les agents sont membres des sociétés de chasse et des conseils municipaux. Si vous êtes membre de l'une de ces sociétés ou de l'un de ces conseils ça peut aider. Petits arrangements.
Il est par ailleurs interdit de ramasser le bois mort ou les branchages après les coupes. Ces branchages sont du plus haut intérêt écologique jusqu'à ce qu'ils soient collectés pour la fabrication de pellets.
Il a été une époque où je pouvais, pour des agriculteurs ou pour des propriétaires privés, éclaircir des haies d'arbres ou des sous-bois. Je gardais le bois en paiement. Aujourd'hui il faut payer chaque mètre coupé ou laisser la moitié du bois produit.
L'intérêt économique du bois grandit avec le renchérisssement des différentes sources d'énergies. Ça complique les choses.

#3 30 novembre 2024 à 12:55:02 Dernière édition: 30 novembre 2024 à 12:57:14 par theudbald
Bonjour tout le monde ! J'espère amener un peu de bon espoir par cette idée. Je vis en Dordogne là où 90% des forêts sont privées. Il est très difficile d'obtenir quelques m² ou hectares de forêt. En revanche il y a une chose qui fait chier les gens du coin, les exploitants forestiers et les bûcherons : les arbres morts sur pied. Dans les taillis, il y a pléthore de perches mortes sur pied et il n'y a aucun débouché sauf un : le charbon.

Pourquoi c'est une opportunité pour les gens qui n'ont pas de bois :
- Les ruraux trouvent que les bois sont mal entretenus, et que tout ce bois mort devrait être coupé. Ils se plaignent que les bûcherons ne le fassent plus.
- Les vendeurs de bois de chauffage de veulent pas vendre de perches mortes sinon les clients se plaignent que ce n'est pas du chêne centenaire fendu en 6 et séché 3 ans.
- Les exploitants ultra mécanisés sont obligé de trier pour ne pas mettre les perches mortes dans leur tas de bois. Bien souvent ça les fait chier avec leur grosse pince de brasser de si petits bouts de bois. Cela les arrangerait que les perches mortes soient débarrassées avant la coupe.
- Le bois mort, notamment le châtaignier mort sur pied qu'on nomme codre en Dordogne, se vend... 3€ la tonne. Ainsi, vous pouvez aller voir un propriétaire, lui dire que vous débarrassez les perches mortes de sa forêt contre 30€ et vous avez votre bois de chauffage de l'année.

2 autres choses :
- Après les coupes rases, il y a toujours des tas de bois mort qui sont empilés à l'arrache, demandez si vous pouvez le récupérer. Attention : je ne parle pas du bois mort étalé au sol qui est important pour la faune du sol.
- Plantez des haies, faites des trognes. Même sur un petit espace on peut récolter du bois. Le noisetier, le châtaignier et le frêne sont supers pour ça, car ils poussent de plus en plus vite au fil des tailles. Le robinier est aussi intéressant mais un peu contraignant avec ses épines. 

Très d'accord avec ce qui a été dit plus haut !

Pour info, après 2 ans à fouiller leboncoin j'ai fini par tomber sur les terrains que j'ai acheté. Un vieux, pas chasseur, qui faisait son bois avec ses copains, taillis tout les 10 ans, il a enterré tout ses copains, il sait que physiquement dans 10 ans il ne pourra plus le faire. La chance que j'ai eu, c'est qu'il a filtré tout les non locaux...
L'inconvénient c'est que je n'ai pas négocié le prix.

En Nord Deux Sèvre, l'hectare de terre se vend entre 2 et 3 000€ pour du paturage, 5 000€ si c'est maraîchable. J'ai acheté 4 parcelles non groupées, pour un total de 3 000m², 3 000€. Soit 10 000€ l'hectare.

Je me demande s'il n'aurait pas été plus économique d'acheter un terrain, et de le planter directement. Ca aurait eu l'avantage de pouvoir disposer les essences de mon choix aux emplacements de mon choix. Alors oui avant d'en faire du bois de chauffage faudra ptet attendre 10 ans... c'est toujours mieux que d'attendre 10 ans pour trouver un terrain à vendre. Et surtout, en attendant on peut planter du bambou. Ca atteint sa taille finale en un an, ça durcit avec 2 ans supplémentaire, ça sèche plus vite que le bois et ça brûle aussi bien que le bois, sauf que ça repousse BEAUCOUP plus vite ! Seule mise en garde : faut fendre le bambou (en deux avec une lame ou écraser les nœuds au marteau) parce que sinon l'air contenu à l'intérieur il fait cocotte minute...

Bonne année à tous, et merci beaucoup pour vos contributions.

J'ai pu profiter des vacances pour identifier quelques propriétaires de bois autour de chez moi.
Je vais donc essayer de les rencontrer bientôt et d'interroger leur mode d'exploitation, voir si je peux m'y faire une petite place.

Dans ce sens, avez-vous des exemples de plan de gestion forestière (manuelle si possible), calendrier d'interventions, grille d'évaluation ou tout document d'exploitation qui puisse aider à planifier et consigner le travail effectué ou à tirer des leçons de pratiques éprouvées ?

Merci à vous
Xavier,
ingénieur des paysages, jardinier.